Potosi et Sucre : deux villes pleines d’Histoire

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Les 4 heures de bus d’Uyuni à Potosi nous ont plongés directement dans l’ambiance bolivienne. Commençons par le bus : au sens propre du terme on entendait son moteur tourner, on se serait cru dans une immense machine à laver. Bien-entendu on oublie la ceinture de sécurité et on ne parlera pas du nuage de pollution dégagé par son pot d’échappement. Puis il y a le trajet : on voulait voir du lama et bien on en a vu !!!Partout, dans les champs mais surtout sur la route. Le bus klaxonne environ toutes les 10 minutes pour faire fuir de son passage lamas, chèvres, vaches, poulets… Ensuite le monsieur à côté de nous !!! Agréablement surpris de voir le bus partir à l’heure, il s’énerve quelques minutes après car il y a des bouchons, il crie un bon « vamos » pour faire part de son mécontentement. Puis tranquillement il commence à se gaver de feuilles de coca pour finir avec une petite dose de cocaïne comme si de rien n’était. A savoir que la coca est légale en Bolivie mais absolument pas la cocaïne. Et enfin le meilleur pour la fin : le charlatan. Il monte dans le bus vers la fin du trajet et fait un beau discours sur la santé et le mode d’alimentation des Boliviens. Nous partageons avec vous quelques unes de ses plus belles citations « Les Boliviens ne sont gros que du ventre et Dieu a dit qu’il fallait être gros de partout » / « Les Boliviens mangent 5 fois par jour et Dieu a dit qu’il fallait manger 2 fois par jour » / « Trop manger fait aller aux toilettes trop souvent et provoque des hémorroïdes et des cancers du colon ». Parce que oui justement, il a le remède pour guérir le cancer du colon et il ne le vend pas à 35 bolivianos, le prix réel, non plus à 30 mais à 20 et 3 pour 50. Alors si vous voulez tout savoir, apparemment, du thym, du romarin, du ginseng et autres plantes de cet acabit, sont le remède miracle. Après avoir bien rigolé, nous constatons que plus de la moitié du bus a acheté au moins une boîte (pas le monsieur à côté de nous car comme il avait la bouche pleine de coca et qu’il était complètement dans les vapes, il n’a pas trop réagi).

C’est donc après ce trajet surprenant mais non moins amusant que nous arrivons à Potosi. Potosi se situe à 4090 mètres d’altitude, c’est la ville de plus de 100 000 habitants la plus haute du monde (plus haute que Lhassa au Tibet). Pour vous donner une idée, voilà en France ce que l’on voit à 3842 mètres :

Aiguille du midi - wikipedia

C’est l’aiguille du midi. Vous allez découvrir que Potosi est complètement différente, si ce n’est l’effet de compression dû au manque d’oxygène sur nos poumons.

Comme d’habitude notre première destination est le marché ! Il est 14 heures et nous n’avons toujours pas déjeuné, parfait nous mangerons donc local. La vielle dame tenant le stand se prend d’une grande affection pour Nicolas, elle le verrait bien avec sa fille (hihi). A défaut de pouvoir réaliser son projet elle demande une photo avec nous 2.

Potosi - Stand au marché - Vielle dame

Nous avons très bien mangé, ici les prix sont bas, c’est l’eldorado des gourmands. Pour une entrée et un plat, les deux copieux, nous nous en sortons pour 10 bolivianos soit 1,35 € par personne. Nous continuons la journée en dégustant ce qui ressemble étrangement à des bugnes sur la place centrale.

Sur cette place (Plaza 10 de mayo) se mélangent toutes les générations : les femmes en habits traditionnels, les jeunes à la mode « européenne » : jean, t-shirt, baskets et maquillage allant jusqu’à l’indécence, ainsi que les écoliers en uniforme.

Puis nous nous rendons à notre hospedaje, un ancien couvant tenu par un mineur, qui a deux atouts principaux. Le premier : une vue magnifique sur le Cerro Rico et le deuxième, certes moins prestigieux : une douche avec de l’eau chaude à foison !

Potosi - Vue le Cerro Rico - Hospedaje

L’histoire de la ville de Potosi est liée au Cerro Rico, en résumé, cette montagne est le plus gros filon d’argent au monde découvert jusqu’à aujourd’hui. Après 5 siècles d’exploitation, ce sont encore 3000 mineurs qui en extraient le précieux métal. Elle a fait la richesse du royaume d’Espagne et la perte des natifs de Bolivie, qui au travail forcé, n’ont jamais profité de ses richesses.

Le lendemain nous commençons par une visite du musée de la moneda. En nous y rendons nous tombons sur une manifestation, au début du cortège les mineurs qui défilent pour de meilleures conditions de travail, à la fin les femmes pour une plus juste attribution des places au marché municipal.

La Bolivie en général est réputée pour ses grèves et Potosi tout particulièrement. Ca pète dans tous les sens, ici le bâton de dynamite est en vente libre…

Donc, nous nous rendons au musée de la moneda, l’ancien hôtel de monnaie créé par les Espagnols au 18 ème siècle. Grâce au climat particulier de Potosi, sec et frais, c’est le musée avec le plus d’outils d’époque gardés en état. Nous y apprenons l’histoire de Potosi et de la Bolivie.

Deux anecdotes ont particulièrement retenu notre attention. La première concerne le masque qui orne l’entrée de la moneda qui a été sculpté par un Français (ouai ouai) et dont personne ne connait la réelle signification. Et la deuxième est plus ironique : alors que pendant des décennies Potosi a frappé la monnaie pour tout l’empire espagnol et même pour les Américains, aujourd’hui les Boliviens font fabriquer leurs pièces au Chili et au Canada, leurs billets en France.

Après cette visite nous nous rendons à nouveau au marché pour déjeuner (oui ici on ne fait que manger, que nos grands-mères ne s’inquiètent pas, on est bien nourri). On goûte un plat traditionnel le « Aji » (aux lentilles ou au riz). Un homme d’un certain âge ne nous quitte pas du regard tout au long de notre repas et à la fin se moque copieusement de nous car nous n’avons pris qu’une assiette.

Ce qu’il ne savait pas, c’est qu’on allait prendre un dessert : yaourt aux fruits mixés. Et on va même enchainer avec un jus de fruit frais. Pour le moment on adore la cuisine bolivienne.

Nous finissons notre journée par la visite de la cathédrale qui nous offre une vue magnifique sur la ville et le Cerro Rico.

Attention les photos avec vue sur la ville ont nécessité beaucoup d’efforts, au moins 3 arrêts dans les escaliers, sans souffle ce n’est pas facile!

Potosi - Vue le Cerro Rico - Cathédrale

Et enfin le réconfort. Une petite bière du haut de notre terrasse, la brasserie Potosina serait la plus haute du monde.

Potosi - Potosina bière - Nous

SUCRE

Le lendemain nous partons en Buscarril pour Sucre, la capitale de la Bolivie (eh oui la vraie capitale ce n’est pas La Paz). Alors qu’est-ce que c’est que le Buscarril ??? C’est un bus qui a été monté sur le châssis d’un wagon de train et donc qui roule sur des rails. Il passe par des petits villages, pas toujours atteignables par la route, dans le but de donner aux habitants un accès aux grandes villes de Sucre et Potosi. Bon au lieu de mettre 3h30 par le bus, on va mettre 7h00, heureusement que les paysages sont beaux, en plus Nicolas est aux anges, il voulait absolument le prendre.

Vers la fin du trajet, le buscarril est plein, Nicolas en vrai gentleman, laisse sa place à une Bolivienne. Pour nous remercier, celle-ci nous offre des citrons.

Arrivés à Sucre, nous profitons de la journée pour nous balader. La ville est très différente de Potosi, c’est bien plus riche, évidemment, c’est ici qu’a été investi depuis des siècles l’argent du Cerro Rico. Les rues sont propres, les bus polluent moins, les gens sont habillés à l’européenne et il y a masse de touristes.

Les zèbres que vous pouvez voir sur la photo sont des policiers qui enseignent les bonnes manières, notamment en terme de circulation, aux Boliviens. A Potosi ils étaient déguisés en tigres.

Nous sommes un peu KO (c’est que ça crève 2 jours à 4090 mètres d’altitude) du coup on se repose dans notre hospedaje.

Réveil à 7h pour partir au marché de Tarabuco à 1h45 de Sucre. C’est le plus grand marché de la région, il a lieu tous les dimanches matins. On y trouve de tout : viande, fruits et légumes, textiles… Une partie, la plus visible, est assez touristique, mais quand on s’enfonce, on se retrouve seulement avec les locaux. Bien-entendu nous y mangeons !

Nous y goûtons aussi un des desserts que nous voyons le plus souvent depuis que nous sommes arrivés en Bolivie : de la gélatine. Bon on n’a pas fini le verre car ça commençait à sentir le rapatriement sanitaire.

Pour finir la journée, nous allons nous balader au parc municipal de Sucre où flânent les habitants le dimanche après-midi. C’est un peu comme une kermesse, alors forcément on prend un goûter.

Ce matin nous allons nous balader et admirer la ville de haut.

Il est l’heure de manger, direction le marché où nous allons goûter 2 plats traditionnels : le Mondongo et le Chorizo Chuquisaqueno. Bon ce n’est pas ce qu’on a mangé de meilleur mais ça passe.

Puis nous réglons les derniers détails pour notre départ demain après-midi. Nous allons à Santa Cruz de la Sierra, 13 heures (minimum) de bus pour 610 km. On n’est plus au Chili, pas de toilettes, mais normalement 3 arrêts… A voir.

Bon on a fait une grosse erreur, on a laissé notre linge à la laverie sans instruction… Résultat, les t-shirts en coton et lin de Solène sont passés en taille 10 ans. Hum ça s’annonce sympa le shopping en Bolivie, ici pas de grandes chaînes et les mensurations des Boliviennes (1m60 grand max) diffèrent quelque peu des miennes. On ne reste pas sur cet échec, il fait beau, il fait chaud, nous flânons le reste de la journée.

Pour notre dernier jour, nous allons visiter la Casa de la Libertad. Cette dernière est aujourd’hui constituée de deux parties : le musée et l’université de droit. C’est ici qu’a été signée le 6 août 1825 la déclaration d’indépendance de la Bolivie.

Une fois de plus nous apprenons plein de choses sur l’histoire de la Bolivie et de L’Amérique du Sud. Ainsi saviez-vous que les deux premiers présidents boliviens (Bolivar et Sucre) étaient Vénézuéliens et que le premier président argentin était, quant à lui, Bolivien?! Nous apprenons aussi que la Bolivie a deux drapeaux, celui instauré à l’indépendance créée par les colons et celui des peuples indiens qui a été réintroduit il y a peu. Passionnant pour les férus d’histoire.

Bientôt le départ pour Santa Cruz de la Sierra…

Pour plus d’images, on vous laisse jeter un coup d’œil.


Pratique

Période : du 14 au 19 avril

Transport Uyuni – Potosi : De très nombreuses compagnies effectuent le trajet toute la journée donc pas besoin d’acheter son billet en avance. Compter 30 bolivianos pour 4h de trajet. Bureaux et départs rue Arce.

Hébergement Potosi : La compania de Jesus est une bonne adresse proposée par le routard. A deux pas de la place principale 10 de Mayo, chambre simple autour de patios paisibles, eau chaude et même très chaude, petit déjeuner compris pour seulement 90 bolivianos la chambre matrimoniale. Terrasse sur le toit avec une vue exceptionnelle sur le Cerro Rico pour prendre l’apéro! Petit plus, le propriétaire travaille à la mine pour ceux qui souhaitent la visiter.

Déjeuner à Potosi : Des stands très locaux se trouvent sur le marché central. Possibilité de déguster une grande soupe et un bon plat local pour seulement 10 bolivianos (boisson à 1 bolivianos). Une bonne occasion pour discuter avec des Potosinos!

Casa de la Moneda, Potosi : Demander les horaires des visites guidées en français (normalement 4 par jour).Visite passionnante qui donne un bon aperçu de l’histoire de la Bolivie. Entrée 40 bolivianos, visite guidée comprise.

Trajet Potosi – Sucre : De nombreuses compagnies proposent le trajet en bus en 3h30 seulement. Mais nous avons préféré prendre le bus-train (Buscarril) avec les habitants des villages andins pour un trajet de 7h au milieu des montagnes. Bien qu’un peu long, l’expérience est exceptionnelle! Départ de la gare de Potosi le mardi, jeudi et samedi à 8h et achat des billets uniquement le jour même à partir de 7h. Attention, ce moyen de transport est un service social permettant aux habitants de ces villages de se déplacer donc il peut être préférable d’y renoncer si trop de touristes sont présents sur le quai. Coût: 25 bolivianos. Un dernier conseil: prévoyez votre repas car impossible d’acheter à manger sur le trajet.

Hébergement Sucre : La dolce vita est une chambre d’hôtes tenue par un couple franco-suisse qui porte très bien son nom. Les chambres sont très grandes, propres et donnent sur un patio et une terrasse très agréables pour se détendre et prendre les repas (cuisine à disposition). Eau chaude 24/24, marché et place principale à proximité, échange et prêt de livres, salon avec DVD… Coût: 150 Bolivianos pour une chambre double avec salle de bain privée.

Repas à Sucre : Pour l’almuerzo, le marché central propose de nombreux stands qui permettent de découvrir les spécialités locales pour une dizaine de bolivianos. Pour un bon diner nous proposons l’Abis Patio, numéro 1 actuel sur tripadvisor et qui le mérite bien. Entrée, plat et dessert accompagnés d’une bouteille de vin bolivien pour l’équivalent d’une vingtaine d’euros pour deux sur une terrasse très sympa.

Casa de la Libertad, Sucre : Pour compléter ses connaissances sur l’histoire de la Bolivie après (ou avant) la visite de la Casa de la Moneda à Potosi. Entrée à 15 bolivianos pour environ 1h de visite passionnante. La visite guidée (disponible en français) est comprise dans le prix mais pas proposée à l’entrée. Il faut donc la demander lors de l’achat des billets.

Mercado de Tarabuco : Tous les dimanches, les habitants des villages situés aux alentours de Tarabuco se retrouvent dans toutes les rues du   pour un immense marché. Une petite partie consacrée à l’artisanat est plutôt destinée aux touristes mais le reste est vraiment un marché pour les locaux. La partie du marché appelée Campesino vous plongera au cœur de la vie de ces habitants encore très nombreux à porter les costumes traditionnels. Il est possible de s’y rendre en bus local mais le plus simple est de passer par une des nombreuses agences de Sucre qui le proposent toutes pour 40 bolivianos aller-retour. Le bus part à 8h30 et repart à 13h30 de Tarabuco ce qui laisse largement le temps de parcourir le marché et de déjeuner sur les stands.

12 commentaires :

  1. Je constate que l altitude coupe les jambes mais pas l appétit! .. Rire… Je me suis bien amusée avec ce nouvel episode de vos aventures!

  2. C est un plaisir de vous lire j adore vos anecdotes ,celle du bus particulièrement avec le bonimenteur vous avez du assez rapidement progressé en espagnol ou quechua .la Bolivie est plus folklo ,continuez ainsi

    • Solène et Nicolas

      Ah le bus en Bolivie, toute une histoire… Et ce n’est pas fini! Nous partons demain pour Buena Vista, je ne pense pas que nous aurons internet pendant un petit moment.
      Gros bisous

  3. C’est toujours aussi sympa de vous lire et surtout de nous faire part de vos aventures aussi drôles et incongrues soient elles ! Le coup de la petite dose de cocaïne dans le bus c’était pas mal !!
    Entre vos photos et vos anecdotes, la Bolivie ressemble davantage à l’image que l’on peut se faire de l’Amérique Latine
    On espère que Solène aurait pu retrouver quelques vêtements entre temps. Continuez de bien profiter et de vous régaler
    Bisous de nous deux.

    • Solène et Nicolas

      Et tu vas bientôt découvrir que les bus boliviens nous réservent encore des surprises… Journée shopping à Santa Cruz, Solène est équipée pour repartir!

  4. Nous aimons le folklore de votre voyage. Le vin à 20€ doit être bon? Vous vivez avec les Chiriguanos? Vous avez des copieurs “Et vous,oserez vous”. et Patrice”onestparti”
    ont fait les gorges de Caranca. Bisous. Europe 1 nous annonce que la reine a fait 42 fois le tour du monde, elle a 90 ans.

    • Solène et Nicolas

      Nous quittons Santa Cruz demain matin pour découvrir un peu plus l’histoire des Chiriguanos dans le parc naturel Amboro. Ce n’est pas le vin qui était à 20 euros mais bien le repas complet, vin compris! Mais il était tout de même très bon pour des vignes situées à plus de 2000 mètres d’altitude.

  5. Coucou, bon si je comprends bien, on prend le car et on mange!!! Je vais finir par prendre pour moi ces références constantes à l’eau chaude!!! Sucre et Yamoussoukro même combat, on pourra briller au Trivial Genius… Merci pour ce moment dépaysant et comme le chantait notre regretté Prince : Let´s go crazy! Gros bisous.

    • Solène et Nicolas

      Coucou, on te rassure plus d’eau chaude depuis quelques jours et la on est a Villa Tunari (precisement dans un cyber cafe d’ou l’absence d’accents) depuis cette nuit c’est orage tropical, tres gros orage. J’espere que tout va bien pour toi et les filles. Gros bisous de nous 2

  6. Je tombe sur ce blog part hasard avec une recherche Google, étant actuellement à Potosi et demain direction Sucre. Juste pour dire que 3 ans après votre passage, le charlatan du bus Uyuni Potosi est toujours en service. J’ai eu droit exactement au même discours hier et c’est dingue la quantité qu’il vend !

    • Bonjour Ugo,

      Merci pour ton message! On trouve ça assez sympa d’avoir des nouvelles de cet escroc mais quelle tristesse qu’il vende toujours autant de ces produits magiques. Si tu commences ton voyage en Bolivie tu risques d’en croiser plusieurs, nous en avons vu presque dans tous les bus et toujours avec autant de succès.
      Profite bien de ton voyage dans ce beau pays!

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